Delta du Mékong, corne d’abondance du Vietnam

Carte

Le delta du Mékong est l’une des régions les plus fertiles au monde, grâce notamment aux sédiments que le fleuve accumule au cours de son long voyage au travers de sept pays. Arrivé au Vietnam, il se divise en neuf bras (« les neuf dragons ») avant de se jeter dans la mer de Chine. Les Vietnamiens font trois récoltes de riz par an contre une moyenne d’une, voire deux maximum partout ailleurs. La campagnarde que je suis est très impatiente de découvrir la vie rurale vietnamienne.

De Saïgon à My Tho

Nous quittons Saïgon de bon matin et prenons la route en compagnie de Kun, notre guide, vers le delta du Mékong que nous allons traverser pendant deux jours avant de rejoindre la frontière avec le Cambodge. Au cours des deux ou trois heures de route, nous observons la richesse du vert des rizières et le dur labeur des cultivateurs, les vendeurs de tamarin, et monuments en gloire au parti communiste : During the couple-of-hours-drive, I can observe the intense green of the rice paddies, the hard work of the cultivators, tamarind street vendors, more overloaded scooters, and monuments celebrating communism. 

 

Tour en bateau sur le canal semi-naturel Bao Dinh

Nous arrivons au port de My Tho, le portail du delta qui se situe au bord d’un des « dragons » les plus au nord (donc côté Saigon). Nous montons dans un adorable petit bateau motorisé et traversons un grand embarcadère de pêche avec de gros chalutiers aux couleurs chatoyantes :


Fermes flottantes : le sous sol sert de ferme à poissons

Nous croisons des chalutiers qui transportent du sable, sûrement récolté au fond de la rivière, ce qui est en théorie interdit. Leur structure est très plate et surtout dangereusement au même niveau que l’eau. Kun me dit que c’est normal ;un plus tard cependant, j’ai remarqué quelques matelots avec un seau à la main, en train d’écoper.

Nous empruntons un bras plus petit et nous enfonçons dans une forêt de cocotiers d’eau dont les branches, d’une hauteur impressionnante, nous protègent du soleil.

Le verger Ben Truc et ses fruits délicieux

Nous arrivons tranquillement dans un verger ouvert aux touristes. La terre y est si fertile que manguiers et pommiers grandissent assez proches les uns des autres. Les rangées d’arbres alternent avec des petits canaux qui retiennent l’eau des moussons, et dans lesquels évoluent des poissons. C’est très vert et plein de vie.   
Nous eûmes l’occasion de les goûter, ses fruits, lors d’une collation. Ils sont tellement sucrés qu’ils sont servis avec du sel et des piments ! C’est bon comme ça aussi, mais je les préfère au naturel. Nous sommes accompagnés par un groupe de musique en live, ce qui est très agréable. Les mélodies vietnamiennes sont entraînantes, mais ils nous chantent également des chansons en français. Nous quittons les lieux sous un « Ce n’est qu’un au revoir ! » 

A travers le village de Ben Tre en calèche

Nous sortons du verger et débouchons sur une toute petite route pleine d’activité. Les chevaux sont encore utilisés dans cette région, bien que de plus en plus remplacés par des appareils motorisés, surtout pour promener les touristes. Nous montons dans une modeste carriole et traversons le village.

Les maisons sont très jolies et la vie semble agréable, bien que les habitats ne soient, de toute évidence, pas très riches. Kun nous explique que les populations locales ne se sentent pas concernées par les questions d’argent étant donné qu’ils ne manquent jamais de nourriture. Ils ne font jamais d’économies, ce qui pose un problème lorsque vient le moment d’investir dans du matériel, de se soigner, ou d’envoyer les enfants à l’école.

Balade sur le canal naturel Tan Thach natural canal

Nous changeons ensuite d’embarcation et montons dans une de ces petites barques très fines poussées par des femmes au moyen d’une tige… Je l’avais attendu, ce moment tant photographié, et j’y étais enfin! S’enfonçant silencieusement dans la foret d’eau, je me laisse bercer par le rythme lent de notre embarcation, à l’abri du soleil écrasant… Quel bonheur !

Déjeuner sur L’île Tortoise

Nous avons droit à une petite cahute privative de laquelle nous pouvons admirer les animaux de la ferme ainsi que les canaux pour arbres fruitiers. Nous goûtons une spécialité locale : un poisson grillé à l’air repoussant, mais à la chair blanche très tendre qu’une serveuse vient intégrer dans des rouleaux de printemps. 
 
 

     

 

 

 Nous revenons ensuite à notre bateau, et une autre surprise m’attend : des noix de coco fraîchement ouvertes, avec une paille. C’est très bon, frais et pas trop sucré. Je trouve que je commence à avoir bonne mine ; le stress de l’année passée semble me quitter.

 

 

 

L’usine de fabrication de bonbons à la noix de coco

C’est la ligne de production la plus courte que je n’ai jamais vue ! À peine dix mètres séparent le jardin où poussent les cocotiers de la boutique, en passant par les étapes de cuisine et d’emballage. J’ai pu goûter un bonbon tout juste sorti de cuisson et c’est très savoureux : en plus de la saveur délicate de la noix de coco, sa texture tendre fond sur la langue comme un Carambar mou. C’est super bon.  

De retour vers le port, un joli pont suspendu. Kun m’explique qu’il n’a que 5 ans et a occasionné une véritable mini révolution pour la région où tous les déplacements se faisaient en bateau.

Puis nous reprenons la route jusque Can Tho, la capitale du delta. C’est encore une fois les Français qui l’ont en grande partie construite afin de développer le commerce international.

Can Tho — dormir chez l’habitant

Ce soir, nous quittons le confort des hôtels pour dormir dans un « homestay » — chez l’habitant. J’avais réclamé cette option afin de déserter les sentiers touristiques et de profiter de la légendaire hospitalité des Vietnamiens. Ce choix est manifestement peu commun, car Kun semble nerveux à la vue de la simplicité de notre chambre qui est ouverte sur l’extérieur, sans climatisation et située dans un quartier à l’écart. Je me sens plus rassurée que mon guide qui ne cesse de nous proposer de nous trouver un hôtel ; je trouve ça amusant. Je dois quand même reconnaître que dans la rue c’est un peu bizarre de constater que les rôles se sont inversés et que c’est nous, les curiosités.

Restrospectivement, ce fut une des plus belles soirées de tout notre voyage.

Cours de cuisine avec les locaux 

Nous étions supposés suivre un cours de cuisine, mais la famille semblait gênée de nous faire travailler, d’autant qu’elle avait peut-être senti la nervosité de notre guide, et qu’ils ne parlaient pas un mot d’anglais. Nous nous sommes contentés de rouler et faire cuire quelques nems, et de regarder la mère et la fille préparer un appétissant festin.

C’était chouette quand même, car le reste de la famille était dans la pièce à côté de la cuisine, avec des enfants qui jouaient. Nous avons d’ailleurs partagé un grand fou rire général lorsqu’une petite fille un peu espiègle, qui n’avait manifestement pas envie de s’habiller après son bain, s’est mise à courir toute nue un peu partout afin d’échapper à ses parents. Cette scène aurait pu occasionner une certaine gêne chez nous, mais ici pas du tout.

Nous avons ensuite était conviés à table, dehors, et avons découvert que le festin qu’elles préparaient nous était entièrement destinés. c’était encore une fois beaucoup trop, mais j’ai tout mangé, c’était juste tellement bon ! Le meilleur repas de tout le voyage. La nourriture était très simple, mais préparée avec goût, et ultra-fraiche. Des nems (remarquablement bien roulés et frits — forcement !), des rouleaux de printemps avec du poisson très tendre et un légume blanc à tomber par terre (mais ô drame je n’ai su ni trouver le nom ni le reconnaître non cuisiné), un autre poisson excellent dont la chair bien blanche avait été cuit dans du caramel dans un pot en terre, des haricots au tofu (ça semble spartiate, mais c’était super bon) et une soupe à la citrouille. J’ai à nouveau faim rien que de l’écrire. 

Balade nocturne au contact des locaux 

Après notre banquet personnel, une promenade digestive s’impose. Ce fut l’occasion de me plonger dans une ambiance profondément exotique et amicale. Il fait nuit noire, la ruelle qui borde le Mékong n’est éclairée que par les ampoules des habitations, toutes faites de bois. Alors que nous avançons dans cet univers sombre, nous sommes salués par absolument tous les passants et les familles qui déjeunent dehors, amusés de voir de telles curiosités à la peau blanche. Des enfants nous courent autour et nous lancent des « Hello ! » « What’s your name? », « How old are you? » manifestement tout contents de pratiquer leurs quelques phrases d’Anglais. Une orgie de sourires et de bonne humeur…

Je suis ensuite allée me caler sous la moustiquaire. J’ai eu l’heureuse surprise de découvrir que leur ventilateur était si puissant que j’ai presque eu froid. Je me suis par ailleurs félicitée d’avoir amené de bonnes boules quiès car, la nuit, c’est une véritable jungle qui s’éveille, notamment des crapauds, des chiens et des poulets. Malgré toutes ces raisons pour bien dormir, j’étais encore une fois tellement excitée par le lendemain que je n’ai pas fermé l’œil. Demain, nous nous levons tôt pour voir le marché flottant réputé pour ses lanternes colorées.

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