Hoi An, à la source de notre consommation occidentale

Lundi 17 décembre 2012

Aujourd’hui, je découvre la pêche au filet, en bateau -une grande première ! Je ne m’attendais à être si profondément touchée par ces gens qui nous nourrissent, et par ces animaux qui constitue la source de notre consommation occidentale.

Pilule anti-malaria

Dans cet endroit idyllique, dormir semble un tel gaspillage de temps que je passe une nuit sans sommeil. D’autant que ma pilule anti-malaria, une obligation pour voyager au Vietnam, est mal passée. Je suis quand même en forme car, enfin, nous partons en excursion.

Premier village de pêcheurs

Tôt le matin, nous partons apprendre à pêcher avec Hoi An Ecotour. Le guide pour cette excursion est Bao, ce qui signifie « tempête ». Il vient nous chercher à l’hôtel et en chemin du port, je vois pour la première fois des rizières de près et je suis frappée par l’intensité du vert. Encore mieux que notre pelouse anglaise, mon compagnon est presque jaloux. Je m’imagine déjà ses tentatives pour la remplacer par une rizière !

Nous traversons à pied un petit village de pêcheurs et je constate que les maisons sont toujours impeccablement tenues ; même parfois un peu délabrées, on pourrait manger sur le sol. Et s’il y a des feuilles sur le pas de la porte, quelqu’un est déjà en train de les balayer. La dignité n’est décidément pas une question de moyens.

Le petit port de pêche de Hoi An

Mes narines frémissent à l’odeur de l’océan et nous débouchons dans l’adorable petit port de pêche de Hoi An. L’assistant de bord, Em (« le grand frère »), nous attend dans un de ces fameux paniers flottants qui semblent impossibles à diriger. Cependant, c’est avec aisance qu’en deux ou trois coups de pagaie il nous emmène dans le gros bateau, qui nous est entièrement réservé.

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Nous faisons la connaissance de Yiap ou Captain Cook, notre capitaine.

Des bateaux très colorés étalés sur la mer, d’immenses filets de pêches jaunes tendus au loin, l’odeur de l’océan, le son des vagues et la musique des mats, il fait chaud, c’est calme, je me sens bien.

La pêche au filet (sur barque)

Le bateau quitte le port et je remarque, au loin, un couple de pêcheurs s’exercer avec un filet. Nous sommes invités sur le bateau à en faire autant, ce qui est amusant, bien qu’instable. Notre équipage applaudit chaque lancer, il y a de l’ambiance.

DSC_0426Dès mon premier essai, je pêche une crevette gi-gan-tes-que ; quelle sensation de tenir ce trésor dans la main, qui coûte si cher chez nous ! C’est surtout mon compagnon qui avait choisi de visiter une partie de l’Asie. Et une des premières choses qui m’avait enthousiasmée était de découvrir ces mystérieuses petites mains qui nous nous nourrissent et nous habillent, puisque importer nous coûte moins cher que de produire. Je touchais enfin à l’état brut un de ces produits, vierge des mille et un conservateurs, dénudé de packaging, et sans qu’il ait traversé des milliers de kilomètres au travers de nombre d’intermédiaires.

Une seule tentative de pêche et hop voici le trésor dans ma main. J’avais la sensation de toucher, bien plus qu’une crevette, la source cachée de notre quotidien occidental.

La guerre au milieu des cocotiers – Cam Thanh

Nous reprenons le gros bateau et nous approchons d’une île qui, de près, est en réalité une forêt de cocotiers de mer qui ont les pieds dans l’eau. Bao explique que la guerre a fait rage dans ce coin et que dans le fond se trouvent bien des corps de soldats, notamment les Américains qui se sont fait piéger par des Vietnamiens très malins. Ils se cachaient dans l’eau à marée haute avec une tige de bambou pour respirer, puis se creusaient un trou dans le sable à marée basse.

Le village de pêcheurs Cam Thanh

Afin de rejoindre le village, nous reprenons le panier flottant. Pendant le trajet, Em et Bao confectionnent des jouets en feuilles de cocotiers.

 

La maison du maire, toute faite en bois et à la main

Nous rendons visite au maire dans sa superbe maison au bord de l’eau qu’il a construite de ses mains, avec du bambou et des fils de pêche. Sa femme nous offre du thé dans un service lui aussi sculpté à la main dans des noix de coco. Bao me conseille de manger le gingembre confit qui nous est offert, car c’est bon pour l’estomac. Effectivement, je me sens mieux après.

C’est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur Bao, notre charmant guide. Il vient d’un petit village isolé et rêve de devenir guide à Hanoï. Il est allé à l’université apprendre l’anglais pendant deux ans et depuis lit énormément de livres pour s’améliorer en autodidacte. Son envie d’apprendre est touchante, d’autant qu’il a un très bon niveau qui permet d’avoir une conversation fluide.  

Nous nous promenons ensuite dans l’adorable petit village jusqu’à rejoindre Em et son panier flottant qui nous attendent de l’autre côté.

Hoi An J2 - Em Superstar DSC_0473

Lorsque nous remontons sur le bateau, Em pousse la gentillesse à nettoyer la boue sur nos pieds. Je me sens un peu gênée au début, mais il le fait avec tellement de douceur que ça ne donne pas une sensation de rapport supériorité/infériorité. Même si son niveau d’anglais a rendu la communication plus difficile, j’ai bien accroché avec lui également, il regorge d’énergie et de bonne humeur.

C’est le premier jour où je suis vraiment plongée aux côtés des locaux et je sens que les Vietnamiens ne sont pas des gens qui subissent. Le contraire serait étonnant après tout : en 50 ans ils ont mis dehors les nations les plus puissantes de la planète ! Ce fut d’abord les Japonais en 45, les Français en 54, les Américains et les Chinois dans les années 70 — tout ça avec un cure-dent contre des blindés !

La pêche avec de grands filets fixes

C’est assez amusant de constater que ces grandes constructions sont en réalité réalisées à partir de matériaux très simples : des troncs d’arbres et filet de pêche. La conception est ingénieuse.

Le filet est actionné depuis une cabane, plus loin, que l’on fait monter ou descendre en pédalant.

Depuis la plage, Mme Bo m’aide à lancer mon filet, ce qui est beaucoup plus simple que sur le bateau. Là encore, une pêche miraculeuse. Il est certes petit, mon poisson, mais très joli. D’ailleurs, l’ai relâché.

Les poissons sortent peu la journée et sont plus présents le soir, « quand les touristes dorment ». Je me suis sentie rassurée que notre présence ne perturbe pas trop la pêche. C’est même le contraire : le tourisme permet aux pêcheurs d’avoir deux sources de revenus dans la même journée, ce qui n’est pas de trop, car le kilo de crevettes se vend à seulement 6 $.

Le bras de Mr Bo est recroquevillé : une blessure de guerre. Elle devient réelle tout d’un coup, sortie des écrans TV. C’est courageux de continuer à pêcher comme ça.

 

Le repas de notre pêche

Nous remontons sur notre bateau déguster un délicieux repas constitué entièrement de produits frais du matin. C’est vraiment savoureux : calamars farcis sur galette de riz, nems et crevettes (dont la mienne).

Pour l’ambiance, nous avions un bateau voisin qui faisait manger ses touristes de Singapore au son de… L’Aventura ! (si vous ne croyez pas, regardez la vidéo ; tout le monde était mort de rire, et puis vous verrez les beaux paysages)… Ah, la colonisation française aura décidément fait des ravages !

Retour à l’hôtel : baignade

Afin de nous remettre de nos émotions, nous rentrons nous baigner dans la plage privée de l’hôtel. C’est un peu comme chez nous dans l’Atlantique, sauf que l’eau est super chaude, moins salée, et les vagues sont moins nombreuses. La photo est un peu embuée à cause de la chaleur.

 

Après la sieste, nous retrouvons notre guide d’hier, Ha, pour visiter le Hoi An historique.

 

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