Tous les matins depuis des siècles, les moines se lèvent en même temps que le soleil et se rendent au temple à pied. La route qu’ils empruntent est chaque jour sillonnée de fidèles agenouillés qui leur posent des offrandes dans de grands bols décorés avec simplicité.
Les moines ne sont pas autorisés à cuisiner, donc la nourriture qui leur est offerte est la seule qu’ils seront autorisés à manger durant leurs deux repas par jour (petit déjeuner et midi – pas de repas le soir). C’est là encore une rencontre avec l’étrange: une procession de 200 moines marchent en silence dans leur robe safran qui se découpe sur le bleu nuit du ciel qui s’allume tout doucement. Les fidèles sont nombreux et généreux.
Le moment est si beau qu’on croirait un spectacle cependant il remplit une fonction cruciale au bon fonctionnement de la société. Les moines nourris peuvent se concentrer sur leurs activités et la méditation la journée. Au Laos la religion a gardé cette fonction qui s’est perdue chez nous qui est d’aider les plus démunis de façon à tirer la société vers le haut, notamment au travers de l’éducation.
Les moines ne se contentent pas de prendre, ils donnent aussi. Des enfants issus de familles démunies récupèrent des présents de la part des moines. La pêche est bonne!
Les bouddhistes accueillent les enfants dès le plus jeune age, surtout lorsqu’ils sont orphelins ou issus d’une famille pauvre qui ne peut s’occuper d’eux. Un jour, Tin était à la place du petit garçon. Tin vient de la campagne, ses parents sont fermiers, et comme l’école est payante, devenir moine fut pour lui le seul moyen d’accéder à l’éducation. Il apprit les écritures bouddhistes mais aussi les sciences, l’histoire et – très important – l’anglais. Je comprends pourquoi durant notre séjour tant de moines adolescents sont venus nous parler : pratiquer leur anglais.
A 17 an, Tin fut libre de quitter les moines alors il est allé dans la capitale, Ventiane, continuer ses études. Pour cela, il travaillait dans un restaurant de 6h à 16h pour financer ses études d’anglais de 18h à 21h. De longues journées, mais il s’estime chanceux car il y a dix ans, le tourisme n’étant pas aussi développé, les petits boulots étaient rares. Il a ensuite été recruté par une agence de tourisme puis est retourné à Luang Prabang. Les potes moines en voyage contribuent aussi:
Lorsque la saison se termine, Tin retourne dans son village aider ses parents à la ferme. Il n’y malheureusement pas suffisamment de tourisme pour qu’il en vive toute l’année. Ça me rend triste pour lui, il aime tellement partager son amour pour son pays!
Un marché de nourriture improbable
Nous allons visiter le petit marché juste à côté de notre hôtel, très cocasse – Tin connaît tout le monde et tous les produits, et tout se mange!
Palais royal
Nous visitons ensuite le palais royal, les photos sont interdites.
La salle du trône est une curiosité, les murs sont tapissés de pourpre avec des scènes de la vie des laotiens taillés dans de petits miroirs.
Nous voyons également une fresque peinte par le français Alix dans un style assez naïf qui dépeint les scènes de la vie à la campagne, surtout des marchés. Ils sont le centre de la vie sociale au Laos; Tin se souvient très bien que lorsqu’il était petit, tous les échanges se faisaient par le troc, l’argent n’existait pas.
En faisant le tour, nous voyons quelques beaux objets mais qui sont tous des présents offerts par des pays amis, mise à part une belle écharpe que l’ancienne reine a brodé elle même. Mon époux ressort de cette visite conquis par l’idée d’un monde sans argent; de mon côté je suis attristée par l’absence de preuve d’un savoir artistique local; j’en ressens un manque d’avance technologique et une grande vulnérabilité.
Le parc est joli:
Visite du temple Xiengthong :
Durant la visite, Tin nous en dit un peu plus sur sa vie. Après le monastère et les cours d’anglais, il continue à prendre sur son maigre salaire pour s’autoformer en anglais. Son rêve, c’est d’écrire les contes que lui racontait sa grand-mère quand il lui massait les pieds, alors enfant. Il me promet de m’en envoyer un jour pour que je les raconte à ma petite nièce de 3 ans.
Conte laotien
Un lapin peureux qui s’effraie d’un bruit qui ressemble à un coup de fusil et met la forêt en émois, apeurés que les hommes soient partis en chasse. Il va chercher l’éléphant doré à l’aide qui lui dit qu’il faut toujours vérifier ses sources. Il s’approchent ensemble des hommes et constatent qu’ils ne sont pas en chasse, le bruit est celui d’un arbre qui était tombé. Moralité: face à la peur il faut utiliser son cerveau.
Nous voyons les moines en activité, ils sont choux comme tout, très rieurs:
Dans le temple se trouvent des boîtes pour lire l’avenir: on secoue des tiges, on en tire une au hasard qui donne un numéro, le papier correspondant prédit de belles choses.
La remontée du Mekong
Nous partons ensuite pour une remontée du Mékong depuis Ban Khoklin qui sera un des moments les plus forts pour mon époux. Les paysages magnifiques, leur sauvagerie. Dans sa tête, il entend le héros de Apocalypse Now répéter “The horror, the horror”, car dans le film, qui est une remontée du fleuve Mékong pendant la guerre du Vietnam, la beauté de la nature est en imprimé inverse de la laideur des combats. Pas de combats cette fois-ci ; au contraire, la vie paisible des pêcheurs.
La brume matinale se lève rapidement sur la montagne…
Caves Pak Ou
Nous arrivons aux Pa Ku caves ou se trouvent des milliers de statues de Bouddha datant des siècles passés:
Village de tisseuses:
Le soleil couchant allume les paysages de tons ocres…
… Avant le bouquet final en arrivant à Luang Prabang :
Demain, c’est notre dernier jour a Luang Prabang avant de rejoindre la capitale, Vientiane. Ce dernier soir dans notre magnifique hôtel-musée, j’ai vu les employés de l’hôtel faire secret Santa dans un coin du restaurant ; tous assis par terre en rond autour des marmites posées sur des feux de bois. L’ambiance était très festive.