Noël aux pieds d’Angkor

Il assure le père Noël cette année : mieux qu’un sapin, notre voyage-cadeau se trouve au pied d’une des huit nouvelles merveilles du monde. Je me lève surexcitée, comme si j’avais cinq ans. 

Histoire de la construction des temples

La richesse de l’ancien empire Khmers, qui a connu son apogée entre le 11ème et 13ème siècle, venait essentiellement du commerce maritime car la ville contrôlait un passage vital entre ce qui est actuellement le Vietnam, la Thaïlande, et la Chine plus au Nord. Plus d’un million d’habitants vivaient dans la cité fortifiée, entourée de 10km de fortifications. Le roi était ce que l’on appellerait de droits divins ; c’est la raison pour laquelle il leur était  important de construire un ou plusieurs temples, histoire de plaire aux dieux et se garantir une bonne place dans l’au-delà. C’est cette démarche qui a formé une civilisation de très grands constructeurs.

Dans la lignée des grands rois bâtisseurs, le pionnier est Jayavarman II, qui, au IXème siècle, se lance dans la construction d’infrastructures, tel le pont que nous avons vu la veille. Il construit surtout en l’espace d’une vingtaine d’années un canal (encore en parfait état aujourd’hui) de 60 km dans l’unique but de faire venir des pierres d’une carrière toujours en activité.

L’autre grand constructeur c’est Jayavarman VII  qui construit en grande partie Angkor Tom avec, dans son enceinte, le fameux Angkor Vat qui est le monument religieux le plus grand au monde, contenant le bas relief le plus long du monde – je commence à m’habituer à l’usage de tant de superlatifs – et Bayon, le magnifique temple aux 216 sourires de Bouda.

Bataille d’éléphants: cambodgiens contre chams, frise du temple Bayon

Les Chams (ceux avec un casque sur la frise ci dessus), que nous avons croisés au Vietnam dans le site My Son Holyland, prirent la ville pendant quelques décennies, avant de se faire virer. Des rois d’influence hindoue se sont également retrouvés à la tête de l’empire. Cependant, plutôt de détruire les temples (tel un vilain Henri VIII qui fit brûler plein de très belles abbayes ici en Angleterre), ils se contentèrent de transformer deux trois trucs, ce qui est assez marrant. Par exemple, ils ont ajouté un troisième œil sur le front de Bouda pour le transformer en Shiva.

La plupart des temples que nous allons découvrir sont époustouflants par leur taille, la finesse des sculptures et leur originalité architecturale. En moyenne, les temples étaient construits en moins de 20 ans, ce qui semble difficilement imaginable : à cette époque, il nous faudra presque 100 ans pour construire Notre Dame de Paris.

Rien ne peut préparer à une telle découverte. Ce qui me surprends le plus je pense, ce sont les proportions : les temples sont gigantesques, concentrés et couvrent rien moins de 400 km2! Nous n’allons pas tout voir, bien entendu, il faudrait des semaines pour tout découvrir, d’autant que tout n’a pas encore été remis en état.

Une autre qualité des Khmers c’est qu’ils géraient très bien l’eau : ils la récoltaient dans d’immenses réservoirs pendant la mousson afin d’avoir des réserves pendant la saison sèche. Ils devinrent également immunes à la malaria. Cependant, leur succès les rendirent avares, et ils augmentèrent le prix des taxes de passage au point que cela devint trop élevé pour les peuples alentours qui n’eurent d’autres choix que de les attaquer. Par ailleurs, la population augmenta au point que l’eau ne fut pas suffisante : à la suite de plusieurs saisons instables, la cité ne fut plus habitable et la capitale fut déplacée à Phnom Penh où elle se trouve encore aujourd’hui.

A partir de cette date, les temples furent laissés à l’abandon – seuls les populations rurales alentours s’en soucièrent et, faute de moyens pour maintenir ce gigantesque lieu, la nature reprit ses droits. Comme vous le verrez lors de la visite du “temple-jungle” ou fut tourné Tomb Raider, les arbres font encore partie de l’architecture : on ne peut les enlever dans détruire les édifices. Et c’est tant mieux, car le mélange est particulièrement beau.

Fin 19ème siècle, alors que la France a envahit l’Indochine, la légende raconte que naturaliste Henri Mouhot, courant après un papillon dont il est collectionneur, se cogne à un des temples et “découvre” Angkor qu’il présente au reste du monde. Les temples sont depuis toujours en restauration. Ce qui est super impressionnant c’est de se promener au milieu de ce que l’on croit être de simples de pierres puis de se rendre compte que l’on était assis sur une tête de serpent ou une frise de danseuses.

Angkor Tom, capitale de l’ancien empire Khmer

Nous arrivons à une des portes de la ville, la mieux préservée, c’est fou comme c’est beau. Au bout d’un pont bardé de 54 statues de chaque côté : les dieux à gauche et les démons à droite, tenant la queue du serpent sacré le « Naga », se trouve une gigantesque porte surmontée de la figure souriante de Boudha coiffée de fleurs de lotus. 

9 est le chiffre magique dans le bouddhisme donc tout doit s’additionner conformément (5+4=9). 

Temple Bayon

Nous arrivons au temple Bayon, le préféré de notre guide, et nous sommes également conquis. Les photos ne rendront pas toute la beauté de cet endroit; c’est incroyable de voir ces 54 tours composées de 4 têtes de Bouda chacune. Son sourire est communicateur : j’ai la sensation que sa divinité flotte dans l’air.

Avant d’entrer dans le temple, nous montons dans une des librairies qui se trouvent aux quatre coins de l’enceinte du temple pour admirer la vue. Les marches sont très étroites afin d’obliger les gens à monter a genoux en signe de respect – ce que personne ne fait car c’est extrêmement douloureux et lent. 

Une fois entrés dans le temple, la concentration de frises, gravures, statues et autres oeuvre d’art au rez-de-chaussée est impressionnante. 


Le côté en reconstruction rend le moment encore plus unique, j’ai la sensation de faire partie d’une naissance somptueuse.

La masse de touristes rend impossible des photos grand angle acceptables; il n’est malheureusement pas possible de leur couper la tête sous prétexte que n’étant pas des Bouddhas leurs têtes ne se mettraient pas à flotter dans les airs en souriant sereinement. 

Les yeux déjà bien remplis, nous nous baladons dans les vestiges de l’ancienne capitale et c’est incroyable la concentration de temples…  Ici, une “récente” (16eme siècle) statue de Bouda avec a ses pieds un prêtre qui lit l’avenir.

Temple Baphuon, représentation pyramidale du mythique Mont Meru

Il vient juste d’être ouvert au public ; il est également immense mais plus sobre ; les décorations gisent encore sur le sol. 

 

 

Début de reconstruction

Une des caractéristiques les plus marquantes de ce temple, c’est que pour y entrer il faut parcourir un immense chemin surélevé façon catwalk pour les mannequins. Aucun paparazzi pour nous accueillir cependant. 

Et, à la sortie, une autre surprise de taille: un Bouda allongé (une des sept figures sacrées , tellement grand (il fait toute la largeur du bâtiment) qu’il faut un petit moment pour le repérer:

Une partie de la terrasse du roi lépreux, vue d’en bas : il s’agissait d’une estrade pour accueillir les spectateurs de divertissements.

En chemin vers la terrasse du roi lépreux,  nous traversons les vestiges de la chambre du roi; Savy me dit de ne pas m’inquiéter,  que c’est sécurisé de passer sous ce douteux amas de pierres – n’empêche j’avance vite.

Je croise un premier témoignage de l’enlacement entre les arbres et les constructions. 

 

 

 

Nous arrivons a la terrasse du roi lépreux, qui était entièrement destiné au divertissement de Sa Majesté ; ça devait être quelque chose avec des spectacles vivants.

 

Ensuite nous descendons admirer les superbes décorations qui supportent la terrasse : surtout des scènes de sport, c’est impressionnant. 

Il est alors 13h, la chaleur est écrasante alors nous partons manger. L’après midi, nous découvrons le temple  de la jungle ou a été tourne le film tumb rider avec Angelina Jolie. C’est juste magnifique, et là, encore une autre dimension a la beauté architecturale, grâce à l’enchevêtrement de pierres et d’arbres gigantesques et magnifiques.

 

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